La Nouvelle Gavotte

Article de Louis Genty paru dans la revue nivelloise Rif Tout Dju numéro 283 de juin-juillet-août 1985

Merci à Anne-Marie Vermeersch pour la documentation photographique. La Nouvelle Gavotte se réunissait au café "Vermeersch" (Brasserie Saint-Jacques), 60, rue de Mons. Le café était tenu, au départ, par ses grands-parents qui y étaient depuis 1919. Ses parents ont poursuivi l'activité. Anne-Marie, leur petite-fille et fille, y vit toujours en 2017.

La Nouvelle Gavotte vers 1927 au Parc de la Dodaine

1er rang de g. à d.

Georges Jonet-Louis Corbisier-Alfred Monnaye-Oswald Jonet-Léon Canelle (président)-Louis Evrard-Lucien Levêque-Georges Evrard-Louis Van de Wijngaert

 

2e rang de g. à d.

Fernand Hemberg-Urbain Dronsart-M. Craenenbroeck-Georges Hemberg-Michel ?-Pascal Craenenbroeck-El Jan ?-Ernest Lory

 

3e rang de g. à d.

Ernest Gobert-Roger Barbier-?-Roger Pertusot

Au Parc de La Dodaine vers ???

Dans la cour arrière de l'imprimerie Vandercreusen, rue de Mons (photo Octave Sanspoux)

1950 - Les membres de La Nouvelle Gavotte sont réunis au café "Vermeersch" rue de Mons pour célébrer le 25e anniversaire de leur fondation.

 

A l'avant-plan : M. Barbier-Jules Galle-Fernand Guilmot

A l'arrière-plan : Lucien Levêque-Louis Evrard-Joseph Coppens-Marcel Brabant-Mme et M. Chermanne-Roger Degand-Ernest Benoît

Joseph Coppens et Marcel Brabant

 

" Non, notre groupe n'a pas été une résurrection  du Cercle La Gavotte qui a créé El Roûse dè Sinte Ernèle en 1890 ! Nous étions dix au départ, en 1925, et nous émanions du Cercle Bric-Broc. Nous comptions parmi nous Georges et Oswald Jonet, Achille Tamine, Georges Evrard, Félix Rayée, Joseph Noirsaint, Joseph Delhaux, René Lamotte et Achille Dehon (premier secrétaire particulier de Jules Mathieu en 1919). "

 

Ainsi s'exprime le seul des fondateurs encore en vie, Lucien Levêque. Il a 86 ans et sa mémoire n'est pas celle d'un vieillard. Rien de confus, rien d'obscur ! Il connaît la vie de sa société depuis 1925 jusqu'à nos jours. Il y a été acteur, secrétaire, régisseur et président. C'est toutefois sur les début des Gavotteux que nous avons préféré l'interroger. La Nouvelle Gavotte voulait-elle concurrencer Bric-Broc ? Non, nous explique Lucien Levêque :

 

Notre président Dehon a conçu les "Gavotteux" comme les continuateurs des Sans-Nom qui avaient cessé leurs activités à la fin de la Première Guerre. Notre intention était donc philanthropique. C'est dans cet esprit qu'Achille Dehon nous a fait jouer, en 1926, sur le kiosque de la Grand-Place et sur celui du Parc de la Dodaine. Nous avons récolté des fonds que nous avons consacré à des œuvres nivelloises.

 

Lucien Levêque nous parle alors des présidents successifs de la Nouvelle Gavotte :

 

Achille Dehon est décédé en 1927 et a été remplacé par Léon Canelle jusqu'en 1940. La société a été remise sur pied après la Libération et Roger Degand en a assuré la présidence jusqu'à son décès en 1956. Georges Barigand lui a succédé pour deux ans seulement car lui aussi est décédé rapidement. J'ai alors été appelé à la présidence. Mon mandat a été le plus long de tous. Il a duré 25 ans. Depuis 1983, le président des Gavotteux est Jacques Stassin.

La Nouvelles gavotte a tenu ses répétitions dans divers locaux nivellois. Avant 1940, ce furent le café Willems à la rue de Soignies et le restaurant Zélie sur la Grand-Place. Après la guerre, on est allé à la rue de Mons, chez René Vermeersch et Pierre Cloquet (Au Cordial). Nous avons ensuite émigré à la place Lambert Schiffelers, chez Victor Naveau (Louise Vermeersch, l'épouse de Victor Naveau, était la soeur de René Vermeersch du café "Vermeersch", rue de Mons). Vers 1970, nos réunions se sont tenues au café du Pèlerin.

 

Lucien Levêque parle avec humour de la toute première comédie jouée par La Nouvelle Gavotte, en septembre 1925. Il y a participé comme acteur :

 

Le titre était "Cabarèt à r'mète". Nous avons fait imprimer des affiches que nous avons répandues en ville, notamment dans les 17 cafés que comptait la Grand-Place. C'est là que nous avons vécu des heurs drôles. Le titre a intrigué bien des gens. Des clients ont confondu notre affiche avec une annonce notariale, et plusieurs cabaretiers ont été l'objet de questions indiscrètes, de réflexions ironiques, voire de potins plutôt gênants. Ils ont préféré retiré nos affiches. Cela ne nous a pas empêché de vendre 1300 cartes d'entrée. Nous avons joué à bureau fermé dans l'ancien Waux-Hall, rue de Charleroi. Vous souvenez-vous des promenades au second balcons ? Des centaines de spectateurs s'y entassaient debout !

 

Lucien Levêque ajoute que l'esprit d'équipe n'a jamais fait défaut chez les Gavotteux et que, lorsqu'une décision est prise, chacun y apporte sa meilleure contribution.

 

Yvan Lion est Gavotteux depuis 36 ans. Il totalise un quart de siècle de présence au sein du comité. Il nous parle des activités de la société dans les années d'après-guerre :

 

Les premières représentations ont été des pièces dramatiques émouvantes : "Mène", "L'Ania", "Sang d'Houyeu". Mais il est vite apparu que plusieurs de nos membres étaient doués pour le chant, aussi, dès 1947, La Nouvelle Gavotte s'est lancée dans l'opérette wallonne? Ce furent "Dudule", "El Roucha Cabu", "Pulchérie", "Târte à prones", et surtout "Coq d'Awousse" et "L'Amour à l'Payèle". Ces deux dernières ont été jouées quatre fois à Nivelles ainsi que dans d'autres localités. Nous avons aussi assuré la création d'une opérette wallonne due à deux auteurs nivellois, Octave Grillaert et Octave Guilmot : "Hôtel Terminus".

 

L'orchestre qui accompagnait les soirées comportait entre 10 et 15 musiciens. Le pupitre a été tenu successivement par Emile François, René Marchand et Louis Genty.

 

Après 1970, précise Yvan Lion, La Nouvelle Gavotte s'est réorientée vers la comédie gaie et nous continuons maintenant dans cette voie. Voyez notre bannière. Elle porte la devise "Art et Plaisir". Notre art, c'est le théâtre dialectal que nous défendons avec ferveur. Notre plaisir, c'est d'en procurer au public.

 

Jacques Stassin a accepté la présidence de La Nouvelle Gavotte en 1983. Il a d'emblée situé ses deux grands objectifs :

 

Je veux continuer ce que Lucien Levêque a si bien réussi. Sa gestion a été celle d'un président soucieux de droiture et de bon esprit sociétaire. Comme qui n'avance pas recule, je souhaite voir les acteurs accessibles à tout perfectionnement.

 

Nivelles est demeurée une ville qui rit ! La Nouvelles Gavotte y est pour quelque chose !

 

Le Cercle Bric-Broc au Parc de la Dodaine. C'est de ce Cercle qu'est issue La Nouvelle Gavotte. Au 2e rang, à droite, on reconnaît Joseph Coppens. (Photo Emmanuel Despret)

Le local de La Nouvelle Gavote au café du Pèlerin, square Sainte-Anne