Rue Gillard Heppe – Rue du Wichet – Rue Coquerne

Extraits du Mémorial de la vie nivelloise par Émile de Lalieux

(publié par la revue Rif Tout Dju)

Rue Gillard Heppe

123. La maison condist Gilliart Hebbe (1445). Appelée par la suite Grande Maison en 1451 puis blanchirie Gilliaert Hebbe en 1637. Il s'agit probablement de la maison située actuellement aux numéros 6 et 8. En 1807, elle servit de local définitif à la première Loge maçonnique nivelloise fondée la même année par "Les Amis discrets", d'où l'appellation de la maison dite des francs-maçons qui apparaît dans la description du bien vendu en 1834 aux époux Jules Lons et Antoinette Baude. Cette dernière est la fille de Jean François Joseph Baude, licencié en droit, avocat au Conseil souverain de Brabant, maire de Nivelles, bailli de Houtain-le-Val et de Sart-Dames-Avelines. C'est le plus important propriétaire foncier parmi les échevins de la ville. Les époux Lons-Baude occupe la maison de 1834-1835 à 1861. De 1861 à 1866, elle est possédée par Paul Henri Radelet, de la famille du juge d'insctruction Jean François radelet, et par son épouse, une Demulder apparentée aux brasseurs Demulder de la rue des Brasseurs. La maison passe ensuite à Célestine Joseph Ghislaine Demeur, veuve de jean Joseph Dulier, qui y meurt à l'âge de 72 ans le 20 mai 1871. Devient propriétaire de la maison en 1871, Jean Étienne Ramoux, de Saarlouis, veuf en premières noces de Dame Adélaïde, baronne  van de Werdt d'Onsel et en deuxième noces de Dame Marie Verhaegen. Il se remarie une troisième fois avec Eugénie Constance Marie Stappaert qui décède dans la maison, âgée de 66 ans en mai 1872. Jean Randoux décède à son tour le 25 avril 1881 dans sa 80e année. La maison revient alors à Louise Durieux, veuve de Jules Decorte que Jean Ramoux avait instituée comme légataire universelle en 1881. En 1902, l'immeuble est occupé pendant quelques années par les sœurs française de Jésus au Temple. Elles s'installèrent par la suite dans la maison voisine. L'abbé Georges Bastgen, vicaire à Marbais, achète la maison en  1913. Pendant la guerre de 1914, elle est réquisitionnée et elle héberge les services de ravitaillement. L'abbé Bastgen revend la maison en 1928 à M. Jean Defroidmont, juge à Nivelles puis président de la Cour d'Appel de Bruxelles. Lors de la Deuxième Guerre, la maison abrite l'Office de Travail. 

Comme on faisit la chasse aux réfractaires du Travil Obligatoire en Allemagne, dans les cinémas, terrains de sport, trams, la résistance n'hésita pas à dérober les registres de la population pour les mettre en llieu sûr dans un caveau du cimetière de Thines et de Nivelles. On substitua les fiches de l'Office du Travail où l'incendie provoqué par de petites bombes acheva l'ouvrage. Cet incendie, allumé par les résistants, détruisit complètement l'édifice. M. Defroidmont en vendit les ruines en 1946 à M. Léon Hendrickx de Waterloo. Ce dernier n'avait pas terminé de les raser lorsqu'il décéda en 1947, les laissant à son fils Willy. En 1949, celui-ci revendit le bien dans l'état où il l'avait reçu à Émile de Lalieux qui reconstruisit partiellement l'immeuble.

 

124. La maison Labeau (1632) ou Labiaul. En 1632, joignant par-derrère aux remparts. Vers 1866, elle bordait encore le boulevard qui avait fait place aux remparts où s'élevait un charmant petit pavillon. La propriété appartenait alors à la famille des notaires del Bruyère. Au début du 20e siècle, les religieuses françaises de la Congrégation de Jésus au Temple s'installèrent dans cette maison après avoir séjourné un court temps dans la maison précédente. Les "sœurs bleues" soignèrent les malades et, dès la fondation du collège Sainte-Gertrude, assurèrent l'économat et l'infirmerie de la nouvelle institution. En juin 1952, les sœurs fêtèrent leur jubilé de 50 ans de présence à Nivelles. Aujourd'hui, elles ont quitté la ville.

 

125. Le collège Caroly.  Vers 1839-1840, le sieur Caroly tenait un collège privé dans une vieille maison qui fermait le bout de l'impasse. Ce collège était fréquenté par de nombreux élèves au détriment de la population scolaire du collège communal qui allait en décroissant. En 1886, l'immeuble appartenait à Dieudonné Bary, artiste vétérinaire. La maison fut démolie vers les années 1930.

Rue du Wichet

126. Hospitaul de monseigneur Saint Jacques (1420). Vis-à-vis de la rue des Brasseurs. La chapelle de l'hôpital dite "Le Petit Saint Jacques" formait le coin de la rue du Wichet et de la rue Bayard. L'hôpital Saint-Jacques avait été fondé en 1420. On y recevait les pèlerins qui se rendaient à Compostelle ou qui en revenaient. Il était régi par le curé de Saint-Jacques l'Évangéliste et les pèlerins eux-mêmes. Entre les années 1760 et 1770, l'administration fut transférée au magistrat. Vers 1785, l'école dominicale de la rue de Charleroi fut transférée dans la chapelle de l'hôpital des pèlerins de Saint-Jacques. On y construisit deux habitations, l'une pour le maître qui enseignait aux garçons, l'autre pour la maîtresse qui enseignait aux filles. Vers 1860, l'école dominicale qui était placée sous la direction du doyen de Sainte-Gertrude passa sous la direction de l'administration communale en vertu de la loi de 1812. Devenue communale, l'école déserta les lieux et alla s'installer rue Seutin. L'ancien hôpital fut alors occupé par l'école des Frères et, par la suite, par l'académie de musique. La chapelle du Petit Saint-Jacques fut démolie au début de l'année 1909. La façade se présentant vis-à-vis de la rue des Brasseurs offrait encore une abside à trois pans dans laquelle on avait pratiqué des fenêtres carrées pour la transformer en maison. La porte du bâtiment, en arc surbaissé, était surmontée d'une petit niche ogivale aux côtés de laquelle on lisait : "L'hospital de Saint-Jacques". En 1954, l'ancien hôpital Saint-Jacques, occupé par l'académie de musique, fut considéré comme taudis. Les locaux ainsi que quelques maisons contiguës furent cédés à la Société régionale des habitations à bon marché. Le tout est démoli et, en 1958, remplacé par un groupe d'appartements.

 

127. Jardin appelé Le Savoiz (1550), puis Sauvoir (réserve à poissons), jardin de Galice (1734). Derrière l'hôpital Saint-Jacques et tenant au Merson.

 

128. Maison de Gallice (1491). Hostel de Galyce (1660) ou Galiste (1788). À l'opposite du Petit Saint-Jacques. Le jardin touchait à une maison sise en le Coquierene. 

 

129. Moulin du Wichet ou de la Ville. Il fut probablement érigé à la suite des travaux et des acquisitions qu'entraîna la construction des remparts. Il est déjà cité en 1384. "Tous brasseurs, hôtelains et brocteurs" étaient autrefois obligés de faire "moudre leurs meunées" à ce moulins (1764). Vers 1860, il était doté d'une roue et de quatre paires de meules. Une cheminée du moulin gâchait la jolie vue sur la ville en 1872. Une passerelle mettait en communication les greniers du moulin avec ceux situés au-dessus de l'écurie (1880). Le moulin était exploité par J.-B. Donnez-Lagneau en 1884. Il a été démoli en 1914.

Rue Coquerne

130. Grange du karité (1366). Dans le bas de la rue, vis-à-vis du Wichet.

 

131. Maison appartenant à labbie (l'abbaye) de Floreffe (1533). "Devant le Petit Saint-Jacques au long del kokierne joindant à ceulx del carité."

 

132. Coquerne (1665). Coquierne (1741) joignant par-derrière aux terres des remparts.

 

133. Tour Renart (remparts). On y accédait par l'impasse de la Coquerne située dans la haute Coquerne.

 

134. Tour devant le Wichet. Le Wichet ou Guichet était une poterne s'ouvrant en face de la Dodaine et qui communiquait aussi par un pont (le pont devant le Wychet, 1552-1553) avec l'extérieur. La tour s'appelait de longue date la tour du Wichet. Existent déjà en 1780, dans le haut de la rue Coquerne, deux magnifiques demeures datant du milieu du 18e siècle. Le numéro 4, à droite en montant, est l'ancienne maison familiale des imprimeurs Plon de Paris