Les maisons de la rue de Charleroi

et des rues adjacentes avant 1780

Extraits du Mémorial de la vie nivelloise par Émile de Lalieux

(publié par la revue Rif Tout Dju)

La rue de Charleroi commence Grand-Place et finit aux remparts, à la Porte de Charleroi (carrefour actuel des boulevards Charles Vanpee et de la Dodaine.

 

La rue Al Gaille commence rue Saint-Georges et finit rue de Charleroi. En 1570, on écrivait Dame Gaye. Il s'agissait du nom d'une personne. Le nom de cette rue Dame Gaye est mentionné dans un acte de 1436 et aussi en 1446 où l'on parle d'une maison sise "en la ruelle condist Damme Gaye allant aux Frères Mineurs"

 

La place Saint-Maurice ou de la Baume (abreuvoir) se situe à la jonction des rues Saint-Maurice, de la Religion et de Charleroi. La place occupe l'emplacement de l'ancienne église Saint-Maurice démolie.

 

La rue Saint-Maurice commence rue de Charleroi et finit place Saint-Maurice. Le bas de la rue a été démoli par le bombardement de 1940. Le dessus de la rue fait partie désormais de la rue de Saintes.

 

La rue de la Religion ou des Annonciades commence rue des juifs et finit place Saint-Maurice. Elle a été percée en 1785 au travers de l'ancien couvent des Annonciades. 

 

Le faubourg de Charleroi commence au-delà des remparts. Il occupe le point le plus élevé des abords de la ville. la vue que rien ne cache est très belle vers Sotriamont et la chaussée de Namur en s'étendant jusqu'à la Maillebotte.

 

La ferme Mathilde. Se situe à gauche du faubourg en montant. Corps de logis de l'ancienne brasserie Duvieusart.

La chapelle Saint-Pierre. C'est là que l'on va à Pâques chercher le Saint-Chrême. la chapelle fut rouverte en 1809 bien qu'elle ne pût contenir qu'une vingtaine de personnes. On y disait la messe en 1824, de temps en temps. par la suite, servit de maison d'habitation où l'on distinguait encore, vers 1860, les restes de deux fenêtres ogivales en briques et un plafond orné des clefs de saint Pierre. Cette maison a disparu et a été remplacée par la charmante conciergerie qui garde l'entrée du cimetière. En effet, c'est dans la prairie situé à côté de la chapelle qu'allait être établi le cimetière actuel, appelé primitivement le cimetière Saint-Pierre, en 1784.

La ferme al Sauch ou al Saulx (1787). Déjà mentionnée en 1231, cette ferme faisait partie de la dotation de l'hospice des Douze Apôtres d'où son nom de Cense de la Charité. Détruite par le bombardement de mai 1940. L'ancienne gendarmerie (police) occupait approximativement son emplacement.

Bagatelle. On rencontre, au faubourg de Charleroi, plusieurs de ces jardins d'agrément nécessairement accompagnés d'un "cabinet" plus ou moins rustique, où les habitants aisés de la ville vont passer l'après-midi pendant la belle saison. Madame l'abbesse y possède un pavillon dans un "jardin nomme Bagatelle (1793)".

 

68. Hôpital et église Saint-Nicolas. L'hôpital et l'église Saint-Nicolas forment un ensemble s'étendant de la rue de Charleroi à la Grand-Place et à la rue des Brasseurs.

 

– L'hôpital Saint-Nicolas. C'est le plus important de Nivelles. Il dépend du chapitre de l'abbaye de Nivelles depuis sa fondation et il restera sous sa dépendance jusqu'à la communalisation effectuée sous le régime français. Cet hôpital, ainsi que celui du Saint-Sépulcre, trouve leur point de départ commun dans l'hôpital monastique du 7e siècle. la dernière mention de cet hôpital monastique date de 1136. À partir de cette date et jusqu'en 1204, nous ne connaissons plus rien de l'activité hospitalière à Nivelles. En 1204 et en 1207, nous découvrons les premières mentions des hôpitaux de Saint-Nicolas et du Saint-Sépulcre. Au début du 13e siècle, il y a donc deux institutions hospitalières distinctes. L'hôpital Saint-Nicolas est placé sous la surveillance du chapitre tandis que celui du Saint-Sépulcre est placé sous celle de l'abbesse. Important propriétaire foncier et ecclésiastique, l'hôpital de Saint-Nicolas tire sa richesse des affermages, des rentes, des bois et des dîmes. Si les rentes sont nombreuses, elles ne constituent que la partie secondaire des rentrées à côté de celles provenant des baux à ferme et principalement des quatre fermes de l'hôpital : la ferme de Rognon à Nivelles, la ferme de Saint-Nicolas à Buzet, la ferme de la Tilleraye et la ferme de l'abbaye à Monstreux. la véritable richesse de l'hôpital provient donc des revenus domniaux. À la fin du 18e siècle, l'assistance médicale est assurée par un médecin et un chirurgien assistés de quatre frères et sœurs et de personnel subalterne. En 1787, le nombre de lits de la salle des malades est de 18 mais, en cas d'épidémie, ce chiffre peu être augmenté à 40 ou plus. À côté des activités essentielles d'hébergement des pauvres et des soins aux malades, l'hôpital remplit aussi une mission de bienfaisance par la distribution des prébendes et des aumônes. En 1818, l'hôpital Saint-Nicolas, ainsi que celui du Saint-Sépulcre, furent réunis et hébergés dans les bâtiments des Récollets (numéro 93 sur le plan). Les bâtiments de l'hôpital Saint-Nicolas étaient mal distribués. Le chauffoir se trouvait entre les latrines et la salle des malades, le dépôt des cadavres manquait d'air et de lumière et s'ouvrait sur celle-ci, il n'existait qu'une petite cour des malades. Vers 1822-1823, les bâtiments furent démolis et convertis en une halle aux viandes avec abattoir ayant une issue rue des Brasseurs. Cette boucherie-abattoir fut démolie en 1890. À son emplacement fut construite une salle des fêtes, le Waux-Hall, inauguré le 1er octobre 1893. 

 

L'église Saint-Nicolas du 13e siècle. Cette église dont saint NIcolas était le patron existait déjà en 1222. On la voyait près du marché, au fond d'une espèce d'impasse. La façade du côté de la place offrait une statue de la Vierge. C'est là que l'on déposait les corps des morts en attendant l'instant de l'inhumation. Cet endroit se nommait "El trô dès mô tchôssis" (le trou des mal chaussés). En 1297, Walter de Houtain, chanoine de Nivelles, institua une chapellenie de Saint-Jean-l'Évangéliste et l'église fut désignée par la suite église de Saint-Jean-l'Évangéliste. En 1549, l'église fut abandonnée et partiellement détruite. On construisit un nouveau temple, celui de "Saint-Jean-l'Évangéliste que l'on dit de Saint-Nicolas" (numéro 69 sur le plan). La façade de l'ancienne église était toujours visible en 1780. Elle subsista jusqu'en 1822-1823, époque à laquelle elle fut convertie, avec les bâtiments de l'hôpital de Saint-Nicolas, en une boucherie-abattoir. Jusqu'en 1890, date de la démolition pour la construction du Waux-Hall, le mur latéral de la boucherie, du côté droit, offrait encore de petites fenêtres ogivales bouchées et des traces d'arcades Renaissance.

 

69. L'église Saint-Nicolas du 16e siècle. Proche de la rue de Charleroi, on l'atteint par la rue Fausse Porte et par la rue Saint-Maurice. L'ancienne église fut abandonnée en 1549 et l'on en constrtuisit une nouvelle en 1554, celle de Saint-Jean-l'Évangéliste que l'on dit de Saint-Nicolas à l'emplacement du Marché au bois. L'église occupait le terrain réservé actuellement au parking situé entre les rues de Saintes, des Pêcheurs, Saint-Jean et l'avenue Jeuniaux percée vers 1950. L'église fut détruite par les bombes incendiaires de 1940. Les ruines furent démolies en 1955. Autour de l'église, en 1780, se trouve un cimetière qui sert non seulement à la paroisse mais à celle de Saint-Jean-Baptiste (numéro 29 sur le plan) où il n'y en pas, à l'hôpital Saint-Nicolas et à la Maison de la Charité (numéro 105 sur le plan).

19 juin 1767 - Plan du cimetière de l'église "Saint-Jean l'Evangéliste que l'on dit de Saint-Nicolas" dressé par le géomètre Braeckman. Les portions du cimetière ont été mises en vente et adjugée à l'avocat Lemaire dans sa totalité en 1788.

 

70. Le Travat (1681). Maisonnette joignant à l'hôpital.

 

71. Refuge de l'abbaye de Parcq. Depuis le 17e siècle, et peut-être avant, cette habitation appartenait au monastère de Parcq et constituait un des refuges de cette abbaye (moines blancs de l'ordre des Prémontrés). Les moines le vendirent en 1770 à la chanoinesse baronne Charlotte de Roose de Bouchout. Cette dernière la vendit en 1807 au baron Van Grave et à sa femme Henriette comtesse Van der Noot. Devenue veuve, elle épouse le chevalier Jean Adolphe Maximilien Clément de Cléty en 1824. Commandant de la garde bourgeoise en 1830, ce dernier dut fuir sa maison, pillée par le peuple. En 1831, il vendit l'Hôtel à Madame Marie Joséphine Antoinette d'Orjo; douairière du baron Lambert Ghislain Joseph Adrien de Baré de Comogne. En 1840, l'Hôtel fut encore vendu à son Éminence Mgr Pierre Dominique Marcellin Bonamie, archevêque de Chalcédoine et autres. Il devint alors le collège Notre-Dame de Paix dirigé jusqu'en 1844 par les Frères du Sacré-Cœur, connus sous le nom de Picpus. Acquis en 1848 par la ville de Nivelles qui y installa le collège communal. En 1872, le collège fut transféré dans les anciens locaux de l'hôpital, rendus disponibles par la construction de l'hôpital-hospice actuel. En échange des bâtiments abandonnés à la ville, celle-ci céda l'ancien Hôtel aux hospices civils. Ne sachant que faire de cet immeuble, les hospices le vendirent à Émile Mercier en 1874. Enfin, l'ancien refuge fut acquis par Paul de Burlet en 1891. L'immeuble fut démoli lors du bombardement de 1940.

 

72. Les Trois Boulettes (1729). Faisant le coin de la rue des Pêcheurs.

 

73. Le Nom de Jésus (1739). Séparée du cimetière Saint-Nicolas par la maison suivante.

 

74. Monseigneur l'Évêque (1739). Tient au cimetière Saint-Nicolas et par derrière à une maison de la rue des Pêcheurs. Joignait à la Fausse Porte du cimetière Saint-Nicolas.

 

75. Le Lion d'Or (1638). Hostellerie. Joignant par derrière au cimetière Saint-Nicolas.

 

76. Saint-Joseph (1741). Fait le coin de la rue conduisant à l'église Saint-jean-l'Évangéliste. Tient par en haut au refuge de Chantraine (chevaliers de Malte) et par derrière à l'Arbre d'Or. Actuellement démolie.

 

77. Hôtel du chevalier de Wargny. À la fin du 17e siècle, cet Hôtel était la propriété de Charles Antoine Bard, avocat et échevin de Mons, épous de Marie Adrienne Marcq, fille d'Adrien Nicolas, licencié en droit, juré de Nivelles, receveur d'Afflighem, et de Marie Catherine Soutteau. La fille des époux Bard-Marcq épousa le chevalier François de Wargny. Après la mort de celui-ci, , ses enfants vendirent la demeure paternelle à l'avocat Thomas. À la fin du 19e siècle, , il appartenait à Madame Renard-Dubois. Est devenu par la suite une maison de réception "L'Écuyer tranchant" tenue par M. Brasseur, traiteur.

 

78. Refuge de Malte. Les chevaliers de Malte, de la Commanderie de Vaillampont, se préparent à reconstruire leur immeuble en 1780. Il ne sera pas terminé lorsque leur ordre sera victime des édits de Joseph II. L'œuvre de spoliations de celui-ci sera achevée par la tempête révolutionnaire. Occupée par les troupes françaises depuis la bataille de Fleurus en 1794. La Belgique sera réunie à la France le 1er octobre 1795. Le 1er septembre 1796, le Directoire étendit, aux départements réunis à la France par la loi du 1er octobre 1795, le décret du 19 septembre 1792 de la Convention  qui supprimait sur le territoire de la République les "maisons ou établissements religieux de l'un et l'autre sexe". Confisqués et morcelés par ordre de la République, les biens de la Commanderie de Vaillampont furent mis en vente. le château de Vaillampont à Thines et la basse-cour furent vendus le 31 janvier 1798. Les autres maisons de la Commanderie, censes et domaines, subirent le même sort. En abandonnant leur propriété de la rue de Charleroi, les chevaliers de Malte y laissèrent deux souvenirs : un cartel en marbre blanc sur lequel se trouve gravée en grands caractères dorés l'inscription suivante : HÔTEL DE MALTE - 1789. Le second souvenir est un écusson qui représente les armes de Malte. le notaire Lavary devint le propriétaire de l'immeuble. Il en acheva la construction. À sa mort, les héritiers vendirent cette belle maison au notaire Delbruyère dont les descendants, notaires également, l'occupèrent jusqu'à la fin du 19e siècle. Par la suite, l'immeuble fut habité par les religieuses françaises de Sainte-Anne puis devint la propriété de la famille Grégoire. Vendu, il a été pris en location par la ville de Nivelles et a servi de lieu de réunions à divers cercles. En 1830,  le maïeur Dangonau habitait cet Hôtel.

 

79. Maison dominicale. Depuis 1715, la petite maison voisine est une école dominicale du chapitre dite "maison dominicale ou du catéchisme".

 

80. Hôtel du Bailli ou Hôtel Dept. L'immeuble appartient à Philippe Ignace de Rifflart, décédé en 1675. En 1702, son fils, le marquis d'Ittre, demande une concession d'eau pour cet Hôtel. Il s'agit de Léopold Ignace, premier marquis de Rifflart, né le 14 août 1659, nommé le 29 novembre 1694 par le roi d'Espagne Charles II, Grand Bailli de Nivelles et du Brabant wallon. Par la suite, intendant du duché de Brabant et de la signeurie de Malines. le dernier marquis de Rifflart, Albert Joseph, fils de Léopold Ignace, s'éteint sans postérité en 1766. La famille de Rifflart avait vendu l'immeuble à Jean Baptiste Jospeh Dept qui l'occupe déjà en 1769. Baptisé à Saint-André le 23 mars 1715, Jean Baptiste Dept est licencié en droit, avocat au Conseil de Brabant, premier échevin (1747-1753), greffier (1753-1776), receveur de l'épier (1765-1777), bailli de l'abbesse. Il meurt le 8 août 1790 et est enterré dans la collégiale. Après sa mort, l'immeuble est occupé par son fils Antoine Joseph Ghislain Dept, baptisé à Saint-André le 14 janvier 1744, licencié en droit, greffier de Nivelles (1776-1792), bailli de l'abbesse. Il émigra à Dusseldorf de 1793 à 1795 et mourut le 26 octobre 1809. L'Hôtel du Bailli resta en possession de la famille Dept et était toujours occupé à la fin du 19e siècle par l'abbé Léon Pirard, descendant des derniers baillis. Il y avait installé un patronage. L'immeuble, qui était devenu la propriété de la famille Buchet, servit de bureau des Contributions puis vendu aux épous de Montpellier d'Annevoie.

 

81. Hôtel du marquis de Rêves puis des comtes de Looz. Cette immense maison est l'une des plus vastes de la ville. Elle appartenait au marquis de Rêves en 1658. Par succession, elle passa dans la famille de Looz-Corswarem. En 1780, elle est habitée par Odile de Looz-Corswarem, comtesse princière du Saint-Empire, et sa sœur Marie Appoline. Elles s'installent au château de l'Escaille à Fayt à la fin de l'année 1788, début 1789. la bataille de Jemappes du 3 novembre 1792 les oblige à rentre à Nivelles. Elles y reviennet après la bataille de Neerwinden et la Restauration autrichienne. Elles y mènent une vie effacée, ont à leur service un jardinier et un domestique.L'avocat Mary de Nivelles gère leur fortune. Marie Appoline décède à NIvelles en 1797 et la princesse Odile en 1802. Les héritiers, enfants issus du mariage de leur sœur avec le marquis Ferdinand de la Puënte, 5e baron de Limal,  vendirent l'Hôtel de Rêves au notaire Lavary en 1805. Les héritiers de ce dernier le cédèrent en 1832 à M. Gouttier, conservateur des hyppothèques. En 1858, devint la propriété du notaire Edm. Fiévet. la maison avait été considérablement transformée. Appartint par la suite au docteur Havré.

 

82. Barette ou Blanche Barette (1721). Tenait à l'Hôtel de Rêves, vis-à-vis de la Bauwe appelée Saint-Maurice (place de l'Abreuvoir). Une partie de cette maison fut habitée par les béguines.

 

83. La Beaume des Annonciates (place Saint-Maurice ou de l'Abreuvoir). L'abreuvoir (baume en wallon) est désigné par la Bauwe Saint-Maurice en 1733, la Beaume des Annociates en 1783. L'abreuvoir, alimenté par les eaux des sources de Rognon, s'ouvrait vers le bas de la rue de Charleroi et se terminait à la "Fontaine del Saux ou Saint-Maurice (1784). L'abreuvoir, qui était pentagonal, fut comblé vers le milieu du 19e siècle. Sur son emplacement fut construite une fontaine en pierre bleue façonnée en prisme carré d'où jaillissaient deux filets d'eau. Cette fontaione a été supprimée après 1940 et sa colonne centrale a été placée au bas de la Grand-Place.

 

84. Couvent des Annonciates. Place Saint-Maurice ou de l'Abreuvoir, rue Saint-Maurice (actuellement rue de Saintes et rue de la Religion). le couvent fut fondé en 1607 par la supérieure du même ordre à Louvain, qui envoya à Nivelles huit de ses moniales. En 1780, l'entrée du couvent se trouvait dans la rue Saint-Maurice, près de l'abreuvoir. En traversant une cour, on arrivait à l'église du couvent. le couvent possédait en outre un cloître, une salle capitulaire, un réfectoire, un dortoir, une boulangerie, une brasserie, un quartier des sœurs converses et de grands jardins allant jusqu'à la rue des Juifs et derrière l'Hôtel de Wemmel jusq'aux remparts. Le couvent fut supprimé en 1784 en vertu des édits de Joseph II. Au travers de la propriété, on pratiqua la rue de la Religion en 1785-1787. L'église des Annonciates était l'ancienne église paroissiale Saint-Maurice. Elle fut fermée pendant les trooubles de religion. E, 1581, elle servit de sépulture aux pestiférés puis fut donnée en location à un marchand de bois. L'ordre des Annonciates était dû à Jeanne de Valois, fille de Louis XI. Un autre enfant de Louis XI serait né et baptisé à Nivelles à Saint-maurice. D'après Tarlier et Wauters, ce détail serait erroné. Cependant, un monument élevé à la mémoire de cet enfant avait été élevé dans l'église. En 1842, lors de la démolition de l'édifice, ce monument fut brisé par des ouvriers.

 

85. Hôtel du baron de Taye, marquis de Wemmel. Place de l'Abreuvoir et rue de la Religion actuelle. L'Hôtel de Philippe François Joseph de Taye, marquis de Wemmel, et de Catherine Louise de Cottereau Puisieux, marquise d'Assche occupe une grande superficie en 1780 et borde notamment la place de l'Abreuvoir. La chapelle, qui se trouve près de l'église des Annonciates, est contiguë à l'Hôtel. Le marquis l'a toujours réclamée comme étant sa propriété. Sa fille, Henriette Marie Anne de Taye, marquise de Wemmel, est chanoinesse à Nivelles. Elle meurt le 17 mars 1787. Au début du 19e siècle, l'Hôtel fut vendu au baron de Xavier qui l'occupa jusqu'à sa mort survenue vers 1832. En 1833, elle fut mise en vente publilque et adjugée à M. Achille Delay qui en démolit le porche et la chapelle. On construisit une habitation sur ce terrain. Le reste de l'immeuble fut vendu au gouvernement provincial qui en fit une caserne de gendarmerie. Il fut ensuite racheté par la ville de Nivelles qui restaura les bâtiments.

 

86. Le Chien (1742). Située près de la Porte de Charleroi.

 

87. Le Pouillon d'Or (1742). Tient à la maison du Rat (numéro 56 sur le plan de la Grand-Place).

 

88. Les Grandes Efforces (1745). "Efforces" = tenailles. Tient par derrière à la Paternotre (numéro 54 sur le plan de la Grand-Place).

 

89. La Licorne (1568). Tient par derrière à l'auberge de l'Ange (numéro 52 sur le plan de la Grand-Place).

 

90. La Fleur (1723). Fait le coin de la rue Saint-Georges.

 

91. Refuge de l'abbaye de Villers. En 1640, le monastère de Villers établit dans la ville de Nivelles, rue de Charleroi, un refuge consistant en un vaste bâtiment. Vendu après la Révolution française, il devint successivement une imprimerie, le siège de la franc-maçonnerie et une école. Cette demeure fut vendue au docteur Stouffs qui en fit deux habitations dont une clinique.

 

92. Collège, ancien séminaire. Rue de Charleroi et rue Al Gaille. En 1605, un séminaire épiscopal fut établi à Nivelles grâce aux libéralités du Chapitre, du magistrat de Nivelles et de l'évêque de Namur François Buisseret dont les armoiries sont sculptées sur la porte d'entrée. En 1658, le séminaire fut transféré rue de Namur. L'institution de Buisseret subsista comme collège d'humanité. L'enseignement y demeura confié aux Jésuites jusqu'à la suppression de la Compagnie en 1773, soit pendant plus d'un siècle. le Chapitre et le magistrat firent appel aux Oratoriens qui enseignaient avec des confrères laïcs en 1780. En 1790, le collège des Oratoriens ne comptaient que 17 élèves. Dès 1795, les Révolutionnaires français fermèrent cette école. En 1804, le Conseil municipal rouvrit le collège. Le personnel enseignant se composait d'un directeur et de quatre professeurs. En 1839, à la fin de la période scolaire, l'édilité décida de remplacer le collège communal par un établissement libre subventionné. Les démarches n'aboutirent pas et l'établissement communal fut rouvert mais avec une autre direction, celle de l'abbé Desmets, vicaire de Sainte-Gertrude. En 1843, le collège, obligé d'évacuer les locaux de Buisseret pour faire place à l'école normale, fut transféré dans la rue de Bruxelles (numéro 14 sur le plan). Dès avril 1884, les premiers aspirants instituteurs font leur entrée à l'école normale qui est inaugurée le 24 mai 1844.. C'est la seule école normale pour la partie francophone du royaume. En avril 1846, les douze premiers instituteurs sortent de l'école. À partir de 1852, on y forme des régents. Peu après 1874, une grande annexe est ajoutée. Les locaux formaient un énorme et haut bâtiment bordant notamment toute la rue Al Gaille. En 1897, une vaste chapelle fut bâtie en briques rouges et flanquée d'un gracieux clocher. Elle comportait deux étages dont le rez-de-chaussée servait de salle de jeux et de conférences. Dans la nuit du 3 au 4 février 1920, le feu détruisit les bâtiments. Cinq élèves et un surveillant y laissèrent la vie. la ville de Nivelles, propriétaire des bâtiments incendiés, élargit la rue Al Gaille qui longeait les constructions détruites, perça une nouvelle voie publique (la rue des Récollet) à travers les jardins de l'école et sur l'emplacement de la chapelle qui fut démolie. Les cours de récréation devinrent des terrains à bâtir. Quant aux locaux restés debout conciergerie et logement du directeur), ils furent aménagés en demeures particulières. La façade fut abattue mais rétablie en pan coupé et intelligemment restaurée. Au fronton de la vieille porte se lit toujours Seminarium-Diaecesanum/Erectum F Buisseret-V Ep Namur:Anno 1605. Juste après les événements de 1940, l'immeuble servit d'hôtel de ville provisoire.

 

93. Couvent et église des Récollets. En 1232, il est déjà fait mention de frères mineurs. Vers 1243 probablement, fondation du couvent par les frères mineurs ou de Saint-François venant apparemment de la province de Cologne. En 1244, le cimetière est consacré. Vers 1248, achèvement du couvent. En 1524, le couvent de Nivelles adopte la réforme dite de "l'observance" pour suivre le désir de l'archiduchesse Marguerite d'Autriche, tante de Charles Quint, régente des Pays-Bas. Les frères mineurs sont remplacés par des Observantins ou frères de l'Observance. L'église est alors rebâtie telle qu'elle existe encore. En 1579, lors des troubles de la religion, le couvent des Franciscains est saccagé. En 1580, il est totalement abattu sauf l'église. Les ornements et les livres de la bibliothèque sont brûlés ou emportés. L'église, dépouillée de ses magnifiques vitraux, devient un temple protestant pendant quelques mois. De 1581 à 1585, les Franciscains restaurent leur église. En 1586, les travaux de restauration du couvent commencent. En 1598, réforme de l'ordre fransiscain. Retour à la parfaite pauvreté voulue par saint François. Cette réforme est dite la "Récollection". De ce nom dérive "Récollets". Le couvent de Nivelles adopte la nouvelle réforme. Les Récollets succèdent aux frères de l'Observance. En 1615, le couvent est encore agrandi et embelli.. Le nouveau local de la bibliothèque est spacieux et orné de belles boiseries. En 1787, la communauté comprend 34 prêtres et 13 frères lais, 2 domestiques et 2 sous-syndics. En 1796, Les Récollets sont chassés de leur couvent. Leur communauté s'élevait alors à 14 religieux et 4 frères convers. En 1797, le couvent est vendu à un ancien Récollet. En 1804, l'église, fermée depuis quelque temps, est rendu à nouveau accessible aux fidèles mais est fermée définitivement un peu plus tard. En 1815, on y soigne des blessés de Waterloo. On atteindra le nombre de 500 blessés dans l'église. En 1817, les acquéreurs, anciens Récollets, abandonnent les bâtiments aux hospices. En 1818, ils deviennent l'Hôpital général. On y transfère les hôpitaux du Saint-Sépulcre, de Saint-Nicolas et de la Charité. En 1872, devien le collège communal qui comprend 187 élèves dont 108 internes. L'Hôpital général occupera désormais le nouvel hôpital que l'on vient de construire (vieux bâtiments de l'hôpital actuel). le collège, qui avait séjourné de 1843 à 1848 rue de Bruxelles (numéro 14 sur le plan) s'était réfugié rue de Charleroi (numéro 71 sur le plan). L'édilité étant devenue propriétaire des bâtiments de l'Hôpital général y installe le collège en 1872. À la fin du 19e siècle et au début du 20e, des travaux malencontreux furent effectués pour approprier l'église et les anciens bâtiments conventuels afin d'y loger non seulement le collège communal, mais aussi l'école communale des garçons, devenue athénée en 1920, les académies de musique et de dessin, l'école industrielle et le musée archéologique. Toutes ces institutions ont quitté les lieux aujourd'hui. En 1963, les anciens bâtiments ont été dégagés des constructions que l'on y avait ajoutées. L'église des Récollets a été restaurée et sert d'église paroissiale des Saints-Jean-et-Nicolas.

 

94. Le Pandour (1780). Entre la Beaume et la Porte de Charleroi.

 

95. Le Miroir (1785). Auberge en 1785. Entre la Beaume et la Porte de Charleroi.

 

96. Tour des Frères mineurs. Une des tour faisant partie des remparts. Entre la Porte du Charnier et la Porte de Charleroi se trouvent deux tours dont l'une porte le nom de Tour des Frères Mineurs à cause de la proximité avec le couvent du même nom (numéro 93 sur le plan).

 

97. Porte de Charleroi. Primitivement appelée Porte al Sauch du nom d'un vieux lieu-dit qui est resté attaché à une ferme située au faubourg de Charleroi à environ 400 m de l'enceinte. Au 15e siècle, après sa restauration en 1418, elle est aussi appelée Porte Saint-Maurice à cause de sa proximité avec l'église paroissiale Saint-Maurice et de la fontaine-abreuvoir du même nom. ce n'est qu'au 18e siècle qu'apparaît le nom de Porte de Charleroi. L'édifice présente, du côté de la ville, un bâtiment rectangulaire fort imposant surmonté d'un toit aigu au milieu duquel s'élève un clocheton ajouré très gracieux. C'est au sommet de celui-ci que les serments des arbalétriers et des arquebusiers plaçaient l'oiseau pour le tir du Roi. En 1820, cette perche fut établie dans l'enclos du parc de la Dodaine. À la façade urbaine était percé, au centre du rez-de-chaussée, un passage pour les chariots et, au-dessus de celui-ci, une niche ornée de la statue de la Vierge. Aux deux côtés, une simple porte aboutissait à gauche à la loge du portier et, à droite,  à la salle du corps de garde. Par des escaliers établis dans les tours, on accédait à l'étage qui formait une vaste pièce éclairée par des fenêtres pratiquées dans le mur de la façade urbaine. Le passage à travers le donjon se fermait au milieu de l'arcade par une porte en chêne à deux ventaux, renforcée de ferrure, ainsi que par une lourde sarrazine ou herse en fer, glissant dans des rainures pratiquées dans les parois des murailles et qu'on manœuvrait de l'étage au moyen d'un mécanisme simple composé d'un treuil, d'une double chaîne et de contrepoids. Du côté de la campagne, le bâtiment était flanqué de deux belles tours cylindriques percées de plusieurs rangées de meurtrtières. La façade était également pourvue de meurtrières. En 1815, après la bataille de Waterloo, la Porte servit quelque temps de prison mililtaire où étaient internés, après qu'ils furent complètement rétablis les militaires français qui avaient été transportés blessés dans l'église des Récollets.

 

Les Auberges du Pandour et du Grand Miroir. La Porte del Saulx vers 1790. Essai de reconstitution graphique par Paul Collet (1925)