Les maisons de la rue de Namur

et des rues adjacentes avant 1780

Extraits du Mémorial de la vie nivelloise par Émile de Lalieux

(publié par la revue Rif Tout Dju)

1749 - Plan du faubourg de Namur et du quartier Roblet (collection famille Collet)

 

1750 - Plan du faubourg de Namur dressé par le géomètre Braeckman

La rue de Namur commence au Marché aux Bêtes (au Bétail) et finit au rempart à la porte de Namur. Elle est alors très étroite. Elle ne compte que 15 pieds (4,572 mètres) à son ouverture sur le Marché bien qu'elle soit la seule voie de communication entre les deux chaussées récemment construites, l'une vers Mons (1751) et l'autre vers Namur (1772). La rue de Namur  a été détruite par le bombardement incendiaire de 1940 de la Grand-Place à la rue de l'Évêché à droite et la rue du Messager d'Anvers à gauche.

 

Le faubourg de Namur débute après avoir passé sous la Porte de Namur (Béliane). À gauche se trouve le moulin de Stiroux, un moulin à eau (rue du Cura actuelle, avant d'arriver à la rue du Déversoir). Le vieux grand chemin de Nivelles à Namur part de la Porte. Son tracé est tortueux et hésitant jusqu'à l'ancien hôpital du Saint-Sépulcre, à droite de la route. À partir de là, une nouvelle route rectiligne s'écarte de l'ancien chemin et file vers Houtain-le-Val. L'octroi pour la construction de cette route date de 1764 mais elle ne fut construite qu'en 1772 à cause des protestations du Chapitre qui ne voulait pas que le nouveau tracé traverse ses bois.

 

La rue du Messager d'Anvers, jadis rue du Poivre, commence rue de Namur et finit rue du Pont Gotissart. Au 14e siècle, l'entrée de la reu du Messager d'Anvers, du côté de la rue de Namur, était surmontée d'un portail. On aboutit à la rue du POnt Gotissart par un pont qui se trouvait au bas de la rue du Messager d'Anvers. En 1710, Godefroid Bourlart, messager d'Anvers, y possédait une maison proche du pont Gotissart.

 

La rue du Pont Gotissart ou des Neuf Boulettes commence rue de Bruxelles et finit rue de Namur. En 1780, la rue du Pont Gotissart est déjà appelée rue des Neuf Boulettes. Ces " boulettes " sont des boulets de canon encastrés dans les façades de quatre maisons qui ne semblent en former qu'une appelée " maison des neuf boulettes " en 1756.

 

La rue (ruelle) d'Afflighem commence rue de Namur et finit aux remparts. Appelée par la suite rue du Géant. Ces noms successifs proviennent de ce que l'on y trouvait le refuge de l'abbaye d'Afflighem et la grange où la ville remisait les géants figurant dans la grande procession annuelle.

 

28. Le Nom de Jésus (1697). Joint au Roi d'Espagne (numéro 44 sur le plan).

 

29. Église Saint-Jean-Baptiste. Au coin de la rue de l'Évêché (ou de l'´Évêque). Ancienne église paroissiale, chapelle succursale de Saint-Jean l'Évangéliste depuis 1753. Construite au 15e siècle à l'emplacement d'une église plus ancienne, elle a été démolie en 1875.

 

30. Refuge d'Afflighem. Juste à l'entrée de la rue d'Afflighem (actuellement rue du Géant). Il est composé de deux partie : l'une qui ne forme que le dixième de l'immeuble est le refuge proprement dit comprenant quelques pièces d'habitation. La seconde renferme quatre étages de greniers dont les planchers reposent sur d'énormes sommiers en chêne. Le refuge fut établi en 1499 par les moines du monastère d'Afflighem avec une double destination : réfugier le personnel en cas de guerre et remiser leurs récoltes en tout temps. Les moines exploitaient les fermes d'Hulencourt, du Forriest et de Passavent. Le bâtiment voisin de la rue du Géant contenait les récoltes de terres des environs de Genappe que le Chapitre avait cédées aux religieux d'Afflighem aux 12e et 13e siècles. Vendu comme bien national. Les bâtiments qui dataient de 1611 ont été démolis dans les années 1970 pour faire place à un immeuble à appartements.

 

31. Hôtel d'Hougoumont. En face du refuge d'Afflighem, à l'angle de la rue d'Afflighem (rue du Géant) et de la rue de Namur. Cette belle maison fut construite par M. d'Hougoumont Louville en 1771. On n'y rentrait pas par la rue de Namur mais par une porte cochère de la rue d'Afflighem. Elle fut vendue en 1809 à la douairière du baron de Vicq de Cumptich, puis à M. Brunard, commissaire d'arrondissement, en 1878. Il fait supprimer la grande porte cochère pour la remplacer par une entrée donnant rue de Namur. Habitée par la suite par les parents de Jules Mathieu; bourgmestre de la ville de Nivelles puis devint la Maison du Peuple. Le grand escalier en chêne a été remisé dans une dépendance de l'Hôtel de Taye, rue de la Religion.

 

32. L'Ancre d'Or (1728). Joint par derrière la rue d'Afflighem (rue du Géant).

 

33. Le Perroquet (1731). Joint au jardin de la Tour Bouillon, rue d'Afflighem (rue du Géant).

 

34. Le Pot d'Or (1717). Vis-à-vis de la ruelle qui conduit à la rivière.

 

35. Le Croissant (1755). 

 

36. Le Flambeau (1755). Tenant au rempart, joignant par derrière à la maison dite Tour Bouillon. Au 16e siècle, l'enseigne était un bras tenant une hâche. Il semble que cette hâche ait été remplacée par un flambeau au 17e siècle, la maison étant dite alors La Hâche ou Le Flambeau. Au 18e siècle, elle est devenue l'Hôtellerie du Flambeau. Sa façade n'a qu'un étage et est toute de pierre de taille bleue. Le rez-de-chaussée présente deux portes surmontées d'une accolade et de quatre fenêtres où se remarquent des restes de colonnette et des vestiges de bancs extérieurs en pierre. L'étage présente cinq fenêtres à meneaux croisés. Chacune est surmontée d'une arcature cintrée. Au centre de la façade se trouve une petite niche. Sur le bord du cul-de-lampe de style renaissance de cette niche, on voit le millésime 1555 et l'inscription suivante, en lettre gothique : AVE MARIA GRATIA PLENA. La maison doit probablement son nom à un flambeau que l'on allumait devant la statuette contenue dans la niche. Le flambeau est suspendu au bras en fer forgé qui se trouve au-dessus de la niche. La maison a servi de bureau de recettes pour les octrois, une barrière se trouvant à cet endroit. Démolie en 1905, la maison (ou plutôt la façade) é été reconstruite rue de Soignies.

 

37. Le Casaque d'Or ou Le Casque d'Or (1712). Joint à la Tête d'Or (numéro 38 sur le plan de la Grand-Place).

 

38. Saint Laurent (1749). Vis-à-vis de l'église Saint-Jean-Baptiste (numéro 29 sur le plan).

 

39. L'avocat Dumonceau (1762). Vis-à-vis de l'église Saint-Jean-Baptiste (numéro 29 sur le plan).

 

40. L'Aigle d'Or (1716). Fait le coin gauche de la rue menant au pont Gotissart.

 

41. La Croix de Bourgogne (1717). Fait le coin de la rue menant au pont Gotissart. Cette maison forme donc, du côté droit, l'angle de la rue de Namur et de la rue du Messager d'Anvers (actuellement Fortis).

 

42. L'Écu de Bourgogne (1717). Vis-à-vis du refuge d'Afflighem avec sortie au quartier de la Porte Rouge en face de la grange des curés.

 

43. La Clochette (1735).

 

44. La Flèche (1735).

 

45. Le Grand Yver (1728). Joint par derrière à la rue qui mène à la grange des curés.

 

46. La Croix d'Or (1783). 

 

47. Le Lion d'Or (1717). 

 

48. La Pomme d'Or (1717). Faisant le coin de la petite rue conduisant à la rivière.

 

49. L'Arbalète (1658). Brasserie. Faisant l'autre coin de la rue menant à la rivière.

 

50. La Petite Violette (1758).

 

51. La Grande Violette (1643). Brasserie joignant aux remparts.

 

52. La Tour Bouillon (1784). Dans la rue d'Afflighem (rue du Géant), joignant aux remparts et au jardin du Flambeau (faisait partie jadis des dépendances de cette maison)

 

53. La Porte de Namur. Était appelée jadis Porte du Spucre du nom de l'hôpital du Saint-Sépulcre. Ensuite Porte Béliane du nom d'une famille bourgeoise dont la maison avoisinait la Porte. Désignée Porte de Namur dans le dernier quart du 16e siècle. C'est un bâtiment très simple, moins important que celui de la Porte de Bruxelles. Elle a la forme d'un rectangle au milieu duquel est pratiquée l'entrée de la ville. Cette entrée est précédée d'une arcade au-dessus de laquelle passe le chemin de ronde des remparts. Les quatre faces sont percées de petites fenêtres. Ce bâtiment est couvert d'un toit aigu à quatre pans et les deux extrémités du faîte sont ornées de girouettes. "C'était une prison. Outre des ivrognes, des batailleurs et des blasphémateurs, on y retenait les fous et les sots. En 1644 une pauvre innocine y était entretenue par la ville", écrit Georges Willame.


Non situéLe Lion Noir. Acte daté de mai 1769.

 

 

Essais de reconstitution graphique de la Porte de Namur par Paul Collet (1913-1914-1915)

Essai de reconstitution graphique de la Porte de Namur (Béliane) vers 1575 par Paul Collet (1925)

Faubourg de Namur

– Hôpital de Saint-Sépulcre. Cet hôpital, comme celui de Saint-Nicolas (numéro 68 sur le plan), est issu vraisemblablement de l'hôpital monastique du 7e siècle dont la dernière mention date de 1136 tandis que nous découvrons les premières mentions des hôpitaux de Saint-Nicolas  et de saint-Sépulcre en 1204 et en 1217. Ces deux hôpitaux constituent les principales institutions hospitalière de la ville sous l'Ancien Régime. Elles dépendent de l'abbaye. L'hôpital Saint-Nicolas est placé sous la surveillance du Chapitre et celui de Saint-Sépulcre sous celui de l'abbesse. Elles ne seront communalisées que sous le Régime français. L'hôpital de Saint-Nicolas devient alors l'hospice civil de l'intérieur et celui de Saint-Sépulcre l'hospice civile de l'extérieur. Le dortoir de l'hôpital de Saint-Sépulcre contenait ordinairement 14 lits plus deux au chauffoir. En 1785, une nouvelle salle de malade fut construite afin de pouvoir y placer, séparées des hommes, des femmes ou des filles dans 12 lits. Le chauffoir se trouvait entre les deux salles de malades et la cour des malades était très petite. Vingt-trois personnes recevaient des secours mensuels de l'hôpital. Il fut vendu en 1819. Les bâtiments devinrent la propriété d'un médecin nommé Gérard. Ils furent démolis en partie. Ce qui restait servit de brasserie (brasserie Saint-Denis et brasserie Paul Mercier). Puis, les bâtiments Peduzzi s'y installèrent avant de devenir propriété de la ville.

 

– Église du Saint-Sépulcre. Les bâtiments de l'hôpital étaient contigus à l'église du même nom. Cet oratoire fut érigé en paroisse en 1231. Il devint par la suite annexe de la paroisse Saint-André (1586), puis succursale de la paroisse de Notre-Dame (1787). Fermée par les Français, l'église fut rétablie paroisse en 1803, supprimée puis rouverte en 1809 comme succursale de Saint-Nicolas. désaffectée en 1891. Servit de lieu d'entrepôt. Fut démolie volontairement après la guerre de 1940. À son emplacement s'élève aujourd'hui un immeuble de rapport portant les numéros 110 à 114. Les murs latéraux en gros moellons blancs que l'on a eu la bonne idée de laisser apparents au rez-de-chaussée de l'immeuble sont ceux de l'ancienne église.

 

À hauteur de l'actuelle rue Roblet, un petit bras de pavé se détache de la chaussée vers une chapelle que l'on a transformé en deux petits logis dont on aperçoit encore les ogives (1779). C'est la chapelle de Notre-Dame de Roblet qui était précédée de quatre arbres dits " boules ". Près de là avait été fondé, vers 1400, l'hôpital Notre-Dame de Roblet. Près de l'ancienne chapelle de Roblet, il n'y a d'autres habitations que quelques masures. Il n'y a aucune demeure non plus dans le chemin qui descend de la chapelle à travers haies vers la Porte Saint-Georges aux remparts. Là, venant de Clarisse, coule le ri Michaux qui a alimenté un long étang s'étendant dans une dépression derrière le moulin du Charnier (début de la rue Delfosse). De ce moulin, la vue s'étend librement vers les hauteurs de l'ancienne chapelle Saint-Jean au faubourg de Namur et du Franc-Étau à la rue Clarisse actuelle.

 

Chapelle Saint-Jean. Dépendance de la Commanderie de Vaillampont. Donnée à l'ordre de Malte en 1174.  Affermée en 1772 à Hubert Piersaus dont les descendants sont dits " Saint-Jean ".  Démolie aujourd'hui. À son emplacement a été bâtie une école dirigée par les frères des écoles chrétienne.

 

Franc-Étau (Franc Stot). démoli aujourd'hui. On y mangeait de la tarte al djote. 

 

Près du Franc-Étau et de la chapelle Saint-Jean s'était formée une agglomération dite La Chapelle ou Franc-Étau qui disposait de libertés dues au duc de Brabant. Ceux-ci possédaient une juridiction particulière avec juges spéciaux, prison et privilèges. Les habitants ne payaient au duc que les impôts qu'ils avaient votés. La population de La Chapelle ne connaissaient pas les officiers du voisinage et, quoique bourgeois de Nivelles, les habitants ne participaient pas aux tailles ou aides générales. Toutes les amendes et forfaitures étaient jugées à " La Chapelle dehors Nivelles " par la coutume de la loi de Genappe. La seigneurie s'étendait sur environ 60 bonniers et était enclavée dans le fief de Rognon (grand fief dont le possesseur rivalisait en influence à Nivelles avec l'abbesse.

 

Plus à droite, près du Moulin d'en haut (qui existe toujours) et le Moulin d'en bas (Moulin Delfosse), on voit un petit manoir Malgré Madame entouré de fossés malgré la defense de Madame l'abbesse. Les fossés, jadis remplis d'eau, sont aujourd'hui comblés. On voit également, près de Malgré Madame,  la ferme Coparti, ancien fief tenu de l'abbesse. Cette dernière a été démolie dans la seconde moitié du 20e siècle pour la construction du building l'Aiglon.

 

Revenons près de la chapelle de Roblet. Au-delà de la chapelle, la route n'est qu'une chaussée de campagne. On y voit à gauche la chapelle de Saint-François-d'Assise et à droite une guinguette appelée Tivoli. Plus loin, un peu au-delà du passage à niveau actuel, il n'y a que l'auberge de la Croix de Malte, voisine de la chapelle Saint-Jean des chevaliers de Malte, et de l'autre côté de la chaussée, dans la campagne, la ferme du Grand Malgras qui a été démolie après la guerre de 1940. Plus loin, on aperçoit  la ferme Le Petit Malgras. Un peu au-delà, on rencontre la maison de Barrière des Sept-Douleurs. Elle est proche de la chapelle de Notre-Dame des Sept-Douleurs, datant du 15e siècle, à côté de laquelle habitent deux ermites désignés par le curé de Notre-Dame.

 

À l'emplacement de l'église du Saint-Sépulcre actuelle, de la prison et de la gare de l'Est ne s'étendent que prairies et jardins. La campagne s'élève, charmante, bordée par le joli manoir de Quertainmont, intéressante construction flanquée d'un pigeonnier seigneurial du début du 17e siècle. Le manoir tient son nom de Kertenmont qui était bourgmestre de Nivelles en 1531.

 

Approximativement à l'endroit où a été érigée la prison se trouve le manoir du Colombier. Un chemin venant de la Maillebotte descend vers le Colombier pour aller rejoindre la chaussée de Namur, à hauteur de Tivoli. C'est sur cette longue pente verdoyante, se prolongeant jusqu'au Franc-Étau, que les équipes de joueurs de crosses s'affrontaient les dimanches d'hiver au 19e siècle.

La chapelle de Notre-Dame des Sept Douleurs et les ermitages vers 1740. Essai de reconstitution graphique de Paul Collet (1925)