Rue Sainte-Gertrude – Rue du Coq – Rue Bayard

Extraits du Mémorial de la vie nivelloise par Émile de Lalieux

(publié par la revue Rif Tout Dju)

La rue Sainte-Gertrude commence Grand-Place et finit rue des Brasseurs.

 

La rue du Coq commence rue Sainte-Gertrude et finit rue Bayard. Le nom "Coq" n'apparaît qu'à la fin du 17e siècle du nom d'un personnage qui habitait la rue. Aux 15e et 16e siècles, cette rue s'appelait rue du Petit Loup.

 

La rue Bayard commence rue de Mons et finit rue des Brasseurs. Elle devait son nom à un habitant du quartier, Adan Bayart qui y habitait en 1333.

Rue Sainte-Gertrude

La rue Sainte-Gertrude vers le milieu du 18e siècle. Essai de reconstitution graphique de Paul Collet (1925)

113. Plat d'Argent (1556). Enseigne Au Duc de Marlborough en 1719 puis Sainte-Barbe en 1758, faisant le coin de la rue du Coq. En 1526, cette maison était habitée par le chanoine Hubert Kerssan dont le monument funéraire se trouve dans la collégiale. Il était un esprit très cultivé. Sa traduction fançaise de la paraphrase d'Érasme sur les Épîtres de saint Paul et les Épîtres canoniques était la première en date. 

 

114. Maison quon dist Sainte Gertrude (1515). Cette maison devait son nom à une statue de cette sainte qui ornait sa façade gothique. Celle-ci porte toujours le millésime 1566 à son sommet. la statue de sainte Gertrude était plus grande que nature et était sculptée en pierre de France. Vers 1866, elle fut arrachée du piédestal qu'elle occupait depuis plus de trois siècles. La brasserie Sainte-Gertrude, sise rue des Brasseurs (numéro 99 sur le plan) constituait une dépendance de cette maison.

 

115. Au Saulmon (1553). Joignant d'un côté à Sainte-Gertrude et de l'autre à Lagasse.

 

116. Lagas (1589) ou Lagache ou l'Agasse ou l'Agace (1621). Brasserie. Déjà citée en 1470 (al taverne del Agache). Au coin de la rue Sainte-Gertrude et de la rue des Brasseurs. Démolie après la guerre de 1940. Un immeuble de rapport a été construit sur son emplacement. Pierre Desbille et son épouse Anne Matelet exploitèrent la brasserie à partir de 1621, date de leur mariage. Elle devint vite prospère. En septembre 1636, après avoir successivement mené au tombeau ses deux enfants et son épouse, Pierre Desbille restait seul dans sa grande maison vide. Il se remaria quatre ans plus tard et Marie Bertrand, avec qui il vécut 29 ans, lui donna deux fils, Jean et Guillaume qui devint prêtre. Jean épousa Polixène Carlier qui lui donna trois enfants dont Baudouin Joseph né en 1673 et dcédé en 1726. Baudouin Joseph, comme son père, fit partie des jurés, puis passa dans le rang des échevins. Il épousa en premières noces Marie Madeleine Motquin et en secondes noces Isabelle Gilbert. Veuf à quanrante ans à peine avec dix enfants dont l'aînée a quatorze ans et la plus jeune dix mois, il se remarie une nouvelle fois. Il épouse alors Marie Alexandre Sibille en 1714. Elle décède en 1724. Un fragment de sa tombe servait naguère de couverture à une citerne dans une maison de la rue des Canonniers, tandis que, dans la même rue, les noms de Baudouin Desbille et de son beau-père Gilbert figuraient dans les chronogrammes placés au plafond du premier étage du local du Serment des Canonniers pour commémorer leur libéralité lors de la restauration de ce local (numéro 23 sur le plan). Un des fils de Baudouin Joseph, appelé Baudouin Maurice, qui allait devenir connétable du Serment des Arquebusiers, épousa en 1728 Anne Marie Delbelvre. Il en eut sept enfants dont Jean Remi à qui il passa la brasserie. Il se marie en 1755 avec Marie Clément qui lui donne treize enfants. Jusqu'à sa mort survenue en 1781, il se saigna à blanc pour solder jusqu'au dernier sou des dettes importantes qu'avaient contractées son oncle, receveur de la ville et qui, célibataire, vivait toujours, semble-t-il, à l'Agace. le plus jeune des fils de Baudouin Maurice, appelé Charles, prit la tête de la brasserie après la mort de son père en 1781. C'était une bien lourde succession que l'époque révolutionnaire allait encore compliquer. En 1796, on raya d'un trait de plume toute l'organisation des métiers. C'était le coup de grâce pour la brasserie L'Agace. Le 22 janvier 1798, Charles Desbille avait épousé Marie Thérèse Crousse d'Hooutain-le-Mont. Un garçon naquit l'année suivante. Il mourut à vingt-trois mois. Une fille, Justine, vint au monde deux ans après dans la ci-devant rue Sainte-Gertrude, devenue, par la volonté du nouveau Régime, la rue de la Bienfaisance. Justine Desbille, en religion Mère Gertrude, allait fonder l'institut des sœurs de l'Enfant-Jésus.

 

117. Le Petit Soleil (1704). Tenant à l'Asne barée (numéro 80 sur le plan de la Grand-Place.

 

118. Maison dite Le Cabiau (1710) ou Au Cabiliau (1737) ou Au Saulmon (1739)

Rue du Coq

119. Le Petit Loup (1474). Brasserie du Griffon d'Or en 1640, puis brasserie Saint-Joseph. Cette maison faisait le coin de la rue Bayard vis-à-vis du Fer de Cheval (numéro 122 sur le plan).

 

120. La Flèche d'Or (19e siècle). faisant l'autre coin de la rue du Coq et de la rue Bayard.

Rue Bayard

121. La Grange Bayard. Achetée par la ville en 1442. Elle y remisait le "bayard" ou grand cheval qui accopagnait les géants. Vers 1860, la grange appartenait à l'architecte Raymond Carlier (1805-1883). 

 

122. Le Fier de Cheval (1504). Brasserie et usine, puis saline et savonnerie du Fer à Cheval en 1656, à l'autre coin, joignant à la rue Gillard Heppe et au Merson (numéro 20 de la rue).

Rue Gillard Heppe

123. La maison condist Gilliart Hebbe (1445). Appelée par la suite Grande Maison en 1451 puis blanchirie Gilliaert Hebbe en 1637. Il s'agit probablement de la maison située actuellement aux numéros 6 et 8. En 1807, elle servit de local définitif à la première Loge maçonnique nivelloise fondée la même année par "Les Amis discrets", d'où l'appellation de la maison dite des francs-maçons qui apparaît dans la description du bien vendu en 1834 aux époux Jules Lons et Antoinette Baude. Cette dernière est la fille de Jean François Joseph Baude, licencié en droit, avocat au Conseil souverain de Brabant, maire de Nivelles, bailli de Houtain-le-Val et de Sart-Dames-Avelines. C'est le plus important propriétaire foncier parmi les échevins de la ville. Les époux Lons-Baude occupe la maison de 1834-1835 à 1861. De 1861 à 1866, elle est possédée par Paul Henri Radelet, de la famille du juge d'insctruction Jean François radelet, et par son épouse, une Demulder apparentée aux brasseurs Demulder de la rue des Brasseurs. La maison passe ensuite à Célestine Joseph Ghislaine Demeur, veuve de jean Joseph Dulier, qui y meurt à l'âge de 72 ans le 20 mai 1871. Devient propriétaire de la maison en 1871, Jean Étienne Ramoux, de Saarlouis, veuf en premières noces de Dame Adélaïde, baronne  van de Werdt d'Onsel et en deuxième noces de Dame Marie Verhaegen. Il se remarie une troisième fois avec Eugénie Constance Marie Stappaert qui décède dans la maison, âgée de 66 ans en mai 1872. Jean Randoux décède à son tour le 25 avril 1881 dans sa 80e année. La maison revient alors à Louise Durieux, veuve de Jules Decorte que Jean Ramoux avait instituée comme légataire universelle en 1881. En 1902, l'immeuble est occupé pendant quelques années par les sœurs française de Jésus au Temple. Elles s'installèrent par la suite dans la maison voisine. L'abbé Georges Bastgen, vicaire à Marbais, achète la maison en  1913. Pendant la guerre de 1914, elle est réquisitionnée et elle héberge les services de ravitaillement. L'abbé Bastgen revend la maison en 1928 à M. Jean Defroidmont, juge à Nivelles puis président de la Cour d'Appel de Bruxelles. Lors de la Deuxième Guerre, la maison abrite l'Office de Travail. 

Comme on faisait la chasse aux réfractaires du Travail Obligatoire en Allemagne, dans les cinémas, terrains de sport, trams, la résistance n'hésita pas à dérober les registres de la population pour les mettre en llieu sûr dans un caveau du cimetière de Thines et de Nivelles. On substitua les fiches de l'Office du Travail où l'incendie provoqué par de petites bombes acheva l'ouvrage. Cet incendie, allumé par les résistants, détruisit complètement l'édifice. M. Defroidmont en vendit les ruines en 1946 à M. Léon Hendrickx de Waterloo. Ce dernier n'avait pas terminé de les raser lorsqu'il décéda en 1947, les laissant à son fils Willy. En 1949, celui-ci revendit le bien dans l'état où il l'avait reçu à Émile de Lalieux qui reconstruisit partiellement l'immeuble.

 

124. La maison Labeau (1632) ou Labiaul. En 1632, joignant par-derrière aux remparts. Vers 1866, elle bordait encore le boulevard qui avait fait place aux remparts où s'élevait un charmant petit pavillon. La propriété appartenait alors à la famille des notaires del Bruyère. Au début du 20e siècle, les religieuses françaises de la Congrégation de Jésus au Temple s'installèrent dans cette maison après avoir séjourné un court temps dans la maison précédente. Les "sœurs bleues" soignèrent les malades et, dès la fondation du collège Sainte-Gertrude, assurèrent l'économat et l'infirmerie de la nouvelle institution. En juin 1952, les sœurs fêtèrent leur jubilé de 50 ans de présence à Nivelles. Aujourd'hui, elles ont quitté la ville.

 

125. Le collège Caroly.